Diplômée des écoles de Beaux-Arts de Bourges et de Nîmes, Marianne Daquet est à l’orée d’une carrière frémissante de jeune artiste quand elle part en Chine en 2006 sur un coup de tête amoureux sans doute impulsé par l’ennui que lui inspire sa vie de jeune artiste-serveuse à Paris.
Arrivée à Pékin, elle se sent immédiatement chez elle et se met à dessiner de façon plus apaisée, l’étrangeté lui ré-arme le regard et fait évoluer sa pratique.
Elle produit, expose, publie pendant plusieurs années.
Après la naissance de ses deux filles, la nécessité de s’inscrire de façon sédentaire dans le paysage pékinois la pousse à créer une école d’art française en 2012. Elle développe et dirige Atelier 呵特黎尔 – qui devient un établissement reconnu pour sa pédagogie unique en Chine et emploie 12 personnes – jusqu’à l’apparition de la covid19 qui percute sa vie en janvier 2020.
Son école ferme et ne rouvrira jamais dans un contexte de changement politique brutal.
Elle reste coincée avec sa famille à Pékin pendant 18 mois avant de pouvoir fuir ce pays qu’elle aime tant et qui était devenu la maison.
C’est dans ce temps d’attente anxieuse et de grand bouleversement que l’écriture et le dessin lui reviennent comme des outils de survie pour contrer la folie qui rôde. Elle commence son journal dessiné, se réapproprie ses propres codes graphiques et témoigne dans un premier temps de ce qu’elle vit en Chine, puis des instantanés qui la touchent, raconte des histoires intimes et va chercher dans les méandres de ses pérégrinations mentales des histoires-souvenirs ou des images des profondeurs.
Jusqu’à son exil-à-l’envers en France où elle se réinstalle 15 ans après son départ et pour lequel elle cherche le mot juste.