22/05/2023

Ce matin là, je prenais ma douche, France Inter diffusait Crazy, cette chanson de Gnarls Barkley, tube de l’été 2006.

I think you’re crazy
I think you’re crazy
I think you’re crazy
Just like me

Je chantais à tue-tête.
D’un seul coup, j’ai senti quelque chose en moi lâcher, l’image de ce coffre fort scellé en moi évoquée en séance de psychanalyse s’est immiscée devant mon regard. Je l’ai vu, entre-ouvert, débordant de bois en tous genres : planches, branches, bambous comme un possible échafaudage de bric et de broc en kit.
Quelques clous, un marteau, un morceau de corde.

J’ai du me tenir au rebord de la baignoire pour garder un peu de stabilité,
puis j’ai ri,
puis j’ai pleuré,
et ri encore.
Je me suis dit tout ça pour ça.

J’ai composé ce dessin avec un grand bonheur un peu surréaliste, une image gratuite, sans explication, ni justification, sortie tout droit de mon inconscient, libre et libérée.
A mon image.

Does that make me crazy?
Does that make me crazy?
Does that make me crazy?
Possibly

J’ai en moi des vestiges de tristesse et d’une immense solitude.
Parfois je regarde des photos que j’ai gardées précieusement, je feuillette ces albums comme des livres d’images, je cherche une connexion, un souvenir, mais je ne vois que des images, des images que je connais par cœur, dont je peux raconter l’histoire pour certaines, parce que je connais parfaitement la légende qui va avec. C’est tout.
Je ne sais pas qui est cette petite fille sur les photos, pourtant je reconnais les autres, je me souviens un peu d’eux.
Cette persistance de l’oubli fait de moi une femme un peu égarée, un peu instable, un peu triste, parfois libre.
Ce besoin de mémoire alimente mon dessin et mon écriture insatiablement.

Crayon sur papier Canson – 21×29,7 cm